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Encre d'époque.
16 janvier 2024

Atlas stratégique : de l'hégémonie au déclin de l'Occident de Gérard Chaliand

 

 

atlas stragtégique de l'hégémonie au déclin de l'occident

 

Résumé :

Les auteurs retracent, dans une perspective historique, les grandes étapes de l'histoire géopolitique de l'Occident, du XIXᵉ siècle à nos jours. Cet atlas met en lumière une nouvelle vision du monde, qui se révèle ainsi dans toute sa complexité."Pour agir sur le monde, il faut le comprendre. Et pour le comprendre, il faut voir évoluer ses acteurs dans la longue durée. D'où l'apport irremplaçable de cet Atlas stratégique consacré à l'essor puis au repli de l'Occident."Nicolas Baverez"Voici le premier atlas consacré au déclin de l'Occident. La démonstration du rôle de l'Asie orientale dans les origines du changement des rapports de force est saisissante, tout comme l'incapacité américaine depuis un demi-siècle à juguler les guerres irrégulières. La limpide cartographie de Roc Chaliand est d'une haute originalité."Régis Debray"Dans leur brillant Atlas stratégique, Gérard et Roc Chaliand déroulent le fil de ce que je nomme depuis quelques années la fin du monopole occidental de la puissance, et que d'autres, en Asie, vont jusqu'à qualifier de fin de la parenthèse occidentale (Kishore Mahbubani). Les auteurs y développent une version alternative indispensable de l'histoire mondiale des XXᵉ et XXIᵉ siècles, qu'illustrent des cartes originales et révélatrices des équilibres géopolitiques changeants."Hubert Védrine

 

Mon avis :

 

Encore aujourd'hui, pas mal d'idiots qui veulent faire croire qu'ils s'y connaissent en politique extérieure ou même intérieure voient le monde en bipolaire, en noir et blanc, d'un côté l'Occident et de l'autre le reste du monde formant une masse informe. A ces gens qui récitent ce qu'ils ont entendu sans réfléchir, on peut sans grand risque leur conseiller la lecture de ce livre. Certes basé sur l'année 2023, mais il n'en demeure pas moins que la base reste bonne.

Pour commencer, cet atlas traitant de différents sujets, va remonter le temps pour aborder l'hégémonie Occidentale depuis la proto-mondialisation (on va dire) ; et expliquer ainsi le pas qu'elle avait pris sur le monde hier. De la découverte de l'Amérique à la semi-colonisation de la Chine, succinctement mais correctement les auteurs recontextualisent le temps d'avant, pour mieux comprendre le temps présent.
Forcément cette démarche, va amener les auteurs à aborder tout ce qui a pu également porter préjudice par la suite à l'Occident, que ça soit les deux Guerres Mondiales ou encore la Guerre du Vietnam par exemple. Dans le même temps, ceci va permettre de mettre en avant les faiblesses de l’Occident comme la dette ou la désindustrialisation de l'UE, mais également les forces parallèles qui émergent dans le reste du monde. Cassant ainsi les clichés d'un monde bipolaire pour les couillons du coin.

 

Cette démarches qui montre - comme je viens de le dire -, que le monde n'est pas coupé en deux, mais qu'il est fait de multiples forces contraires, va élargir le champ de vision du lecteur.  Ainsi les couillons du coin découvriront, ô stupeur, que l'Inde, le Japon ou encore la Chine investissent en Afrique. Pour la Chine par exemple, dans les usines consacrées aux hydrocarbures ou encore au minerais. Ils découvriront pareillement, qu'au porte de l'Europe, la Turquie exerce une pression sur les pays voisins comme la Syrie et l'Irak via les débits du Tigre et de l'Euphrate. Bref, ils découvriront, que l'homme blanc que l'on voit à travers l'Occident, n'est pas l'unique commandeur du monde ni l'unique méchant. (Vision qui arrange beaucoup de cerveau faignant et de peuple à la position victimaire facile.)

« La Chine en Afrique
Le continent fut longtemps la chasse gardée des Occidentaux, mais les réseaux d'influence ont beaucoup évolué au cours des deux ou trois dernières décennies. La Chine est en effet, depuis 2009, le premier partenaire commercial de l'Afrique. Les échanges commerciaux dépassent les 200 milliards de dollars et on constate la présence sur place d'environ 10 000 entreprises chinoises, la plupart consacrées aux hydrocarbures, aux minerais et aux métaux, ainsi que des infrastructures en matières d'autoroutes, de chemins de fer, d'aéroports. » p.74

« La Turquie et son pouvoir de coercition.
Le souci de devenir puissant se fait de plus en plus manifeste. Les Kurdes, soit 20% de la population, n'ont droit qu'à l'intégration ou à la répression et celle-ci devient de plus en plus systématique. Le PKK a commis l'erreur de porter la lutte armée dans les villes kurdes, devenues un piège où la répression s'exerce sans frein.
[...]
Essentiel à la Syrie et à l'Irak, le débit du Tigre et de l'Euphrate dépend des précipitations amassées en Turquie. Le remplissage du barrage Atartürk (48km) réduit de trois quarts le débit de l'Euphrate. Ayant la capacité de retenir les débits du Tigre et de l'Euphrate grâce à l'aménagement de ses barrages, la Turquie exerce une pression politique décisives sur ces deux États et, tout particulièrement, sur la Syrie, afin de contraindre la population du Rojava. » p. 108

En parallèle, ce livre met en avant les jeux politiques doubles qui s'exercent de part le monde, entre les États-Unis, l'Arabie Saoudite et la Russie par exemple. Montrant ainsi la difficulté pour un politicien de s'en tenir à une route précise, mais aussi la complexité du monde. Où souvent les intérêts sont contraires, et où les intérêts sont nationaux avant d'être internationaux. N'est-ce pas d'ailleurs une des faiblesse de l'Union Européenne tout ça ? On a détruit les nations pour faire l'Europe, mais finalement on n'a pas fait l'Europe parce que trop d'intérêts divergents. Ce qui est normal.

 

Enfin pour finir, il faut savoir qu'au-delà de cette démarche historique ou géopolitique, les auteurs évaluent également les dangers qui pointent en Occident, et donc les défis à relever pour demain, comme par exemple l'islam et son terrorisme. En ce qui concerne le terrorisme musulman (j’emploie le mot musulman et non islamiste à dessein), je vous laisse avec la conclusion du chapitre qui devrait aussi faire réfléchir sérieusement sur la politique migratoire de l'Union Européenne, qu'elle soit légale ou non.

« Terrorisme.
[...] Enfin faut-il rappeler que l'islamisme a, contre lui, à la fois la Chine, l'Inde et l'Occident ?
On ne peut négliger, pour finir, le "eux et nous" porteur de tensions, qui a été activement crée et exploité au cours des quarante dernières années en Europe par des prêcheurs étrangers bien souvent tolérés par veulerie sinon par bêtise.
Un phénomène qui, la démographie aidant, peut déboucher sur des affrontements. » p.149

 

Et les peuples dans tout ça me direz-vous ? C'est un peu les grands absents du livre, et ils me donnent un peu l'impression de ne servir à rien si ce n'est à la mondialisation. Mais cette absence ne m'étonne qu'à moitié. Qui écoutent réellement les peuples ? Même dans les démocraties qui les écoutes réellement ? D'accord en Suisses il y a régulièrement des référendums, mais en France par exemple on se fait juste voler notre démocratie par l'UE, des juges non élus, et des politiciens qui n'ont pas vraiment à cœur la France, mais plus l'argent ou le pouvoir. Après, peut-être que l'absence des peuples est plus prosaïque, et s'explique par la difficulté d'en résumer les mouvements, les idées, les attentes.

 

Bref, en résumé, c'est un livre, un atlas, bien illustré et très agréable à lire de part la vision globale qu'il apporte sur le monde, même si le titre parle d'Occident.

 

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