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Encre d'époque.
25 janvier 2024

L'image de la puissance : la diplomatie culturelle de la France au XXème siècle de Guillaume FRANTZWA

 

 

« En effet, la « révolution culturelle » qui saccage la Chine entre 1966 et 1976 attaque les fondements de la civilisation chinoise, mais aussi toutes les influences occidentales (quelles qu'elles soient) et les religions, ce qui annule toute action étrangère sur le terrain culturel et conduit à l'assassinat d'intellectuels et de religieux chinois ou occidentaux. Les salles de divertissement sont fermées, les films, les opéras et pièces de théâtres interdits – à l'exception de huit spectacles de la propagande officielle -, les bâtiments traditionnels et les œuvres artistiques ou littéraires massivement détruits. Aucune sorte d'influence française n'est possible dans ces conditions, alors que la très efficace propagande chinoise à l'inverse, traverse le globe jusque dans l’Hexagone. […] »
p. 124

 

 

l'image de la puissance diplomatie culturelle france

Résumé :

Comment le Quai d'Orsay déploie l'aura du pays des Lumières à l'étranger. Le phare de notre politique culturelle.
Le prestige et la richesse de la culture française sont indéniables. Mais au début du XXe siècle, cet acquis est remis en question par plusieurs événements – notamment par la Première Guerre mondiale, qui va de pair avec les affrontements de propagande des divers ennemis en présence. Dès lors, élaborer une stratégie pour soutenir et renforcer le rayonnement culturel de la France sur l'échiquier international semble plus que jamais indispensable.
Se reposant sur des structures naissantes à la Belle Époque, les pouvoirs publics et les acteurs privés se lancent alors dans une vaste entreprise : construire, à l'étranger, des réseaux et techniques valorisant la civilisation et les valeurs du pays des Lumières. Cela passe par la création d'instituts français (Institut de Florence) et de centres de recherche (la Maison franco-japonaise), ou encore par la délocalisation de musées (le Louvre d'Abu Dhabi) et l'organisation de tournées d'institutions (Opéra de Paris, Comédie-Française, etc.). Ces actions permettent la circulation et la diffusion hors de nos frontières d'œuvres dans des domaines variés tels que la musique, le cinéma, le spectacle vivant, le livre, la mode, le design, ou encore le jeu vidéo. Tout au long du XXe siècle, et encore aujourd'hui, le ministère des Affaires étrangères coordonne une grande partie de ces efforts et, partant, renforce l'attractivité de la France.
Richement illustré grâce aux archives du Quai d'Orsay, cet ouvrage revient sur un siècle de soft power à la française en retraçant les grandes étapes qui ont permis l'émergence puis l'enracinement d'une diplomatie culturelle devenu le joyau de la politique extérieure de notre pays.

 

Mon avis :

 

L'image de la puissance de Guillaume FRANTZWA parle de la politique culturelle de la France à l'étranger à l'époque contemporaine principalement.
Archiviste et historien de l'art, Guillaume FRANTZWA est particulièrement bien placé pour remonter le temps, afin de nous montrer à travers quelques centaines de pages l'intérêt de la culture française dans les rapports de la France avec le monde, ainsi que sa construction. Tantôt utiliser pour étaler une aura francophile afin d'encourager les rapprochements politiques (parler français, c’est penser français pensait-on à l'époque). Tantôt utiliser pour la recherche scientifique comme en Afghanistan ou en Asie avec Alexandra David-Néel afin de mettre en avant les savants français. A la lecture de ce livre on se rend compte que la consommation de la culture dans le monde, ne peut pas être seulement perçue que comme cette chose bourgeoise et gauchiste, appartenant à un groupe privilégié qui n'aurait que ça à faire d'en consommer pour se faire mousser. ( J'en avais une bonne opinion, n'est-ce pas ? )

 

Plus dans le détail maintenant, l'auteur nous montre effectivement que la culture peut aussi avoir un pouvoir stratégique dans les faits. C'est-à-dire qu'au-delà du simple encouragement à la coopération que je nommais plus haut, elle peut servir également d'espionnage via les institutions françaises installées à l'étranger, ou encore d'une arme de réchauffement entre les relations de deux pays. Chose qui sera très visible lors de la Guerre Froide notamment. Même si la méfiance de l'URSS vis-à-vis de la France indique que la température politique entre les deux pays ne sera pas toujours au beau fixe. En effet, bien que la France cherche à se démarquer des deux blocs, elle reste malgré tout la représentation du modèle américain aux yeux de l'URSS.

 

Toutefois, il ne faudrait pas croire que la culture à ses entrées automatiquement et pour autant. Tributaire des soubresauts de l'histoire, elle est toujours un dommage collatéral des décisions politiques, et souffre souvent de censure ou de fermeture dans les pays déclarés ennemis. Même si parfois et comme avec le Japon en 39-45 (qui a quand même défoncé la gueule des français en Indochine pour rappel) les relations continuent, bien qu'avec des rapports un brin changé il faut le dire.
Bref, ce livre nous montre que la culture c'est ce concept indispensable aux nations pour rayonner mais qui n'est pas toujours favorisée. Il nous montre également que le moindre organe culturel (l'Opéra, la Comédie-Française), le moindre comédien, chanteur, danseur, écrivain, couturier... travail à ce rayonnement. On pourrait dire que la puissance d'un pays se mesure à ses artistes et à ses moyens.

 

Aujourd'hui, d'accord la culture est là. On a même développé depuis d'autres programmes pour rapprocher les peuples dans une mondialisation supposée heureuse avec Erasmus et compagnie. Chaque manifestation culturelle ou sportive comme les JO, est prétexte pour exposer notre « humanisme » qui ne parle pas à tout le monde. Et le reste du monde s'impose sans faiblesse, ce que l'auteur ne manque pas de souligner. Mais au-delà de tout ça, et pour bien donner un avis personnel sur les propos de l'auteur, j'ai envie de dire que ça n'a plus rien d'exceptionnel tout ça, et que ce n'est même plus franchement nécessaire quoi qu'en pense l'auteur. Puisqu'en effet aujourd'hui, il y a une uniformisation de la culture. Et cette culture mondialisée, fait que tout se ressemble, que tout a la même saveur de réchauffé et du politiquement correct. Et il est très dur de s'en démarquer. D'ailleurs en a-t-on la volonté ?


Certes, Guillaume FRANTZWA rappelle qu'il y a toujours des partenariats, par exemple le récent Louvre d' Abu-Dhabi où on exporte la culture européenne, et où dans le même temps on tente de faire croire aux français que le monde arabe c’est le paradis avec le « pendant » de l'Institution du Monde Arabe. Il montre cette façon de gouverner, où l'on remet à la lumière du jour ces anciens liens pour mettre en avant la continuité des rapports, comme avec la Chine par exemple. Mais force est de constater que ça ne brille pas vraiment, notamment parce qu'il y a des peuples qui ont moins de scrupules que nous, et qu'il y a beaucoup de résistance venant des revanchards de l'histoire ou venant des wokistes. Ces nouvelles données, le gouvernement en a conscience et tente de changer de stratégie en faisant pareil que les autres (!) ; mais à mon avis sans grande réussite jusqu'à aujourd'hui. Et ce malgré tout ce que le gouvernement français a fait et malgré ce que raconte l'auteur. Et oui, visiter une expo, ne fait pas du visiteur un convaincu. Personnellement je peux lire des livres dans l'intérêt de les descendre derrière, alors les autres...

 

Mais pour ouvrir un peu plus de débat et aller au-delà de la conclusion du livre, la question se pose : croyons-nous encore en notre culture aujourd'hui ? La question doit-être posée. A lire l'auteur on croirait que la culture française a de beau jour devant elle, qu'il suffit de rassurer les français sur son art à la française pour qu'ils croient à son rayonnement à l'étranger. (OK pour la cuisine, le reste ???) Mais, dans le même temps, quand on a un Macron qui dit qu'il n'y a pas de culture française, propos répétés quasiment à l’identique par l'idiot du village Eric de Chassey patron de l'INHA, on peut vraiment se poser la question sur ce qu'il reste de la culture française aujourd'hui en France et à l'étranger. Si vraiment elle intéresse encore quelqu'un ? Et s'il ne peut y avoir de culture française, comment en exporter une ? Enfin, si on admet qu'il existe une culture française, que reste-t-il d'elle aujourd'hui ? Le passé brille à l'étranger, oui et heureusement car les œuvres sont belles, mais c'est quoi le présent que l'on nous propose ? N'a-t-on pas détruit la culture française, comme on a détruit l'histoire, au nom d'un humanisme bêta en Occident ? Une révolution nécessaire quand on écoute la gauche ! Une aubaine pour les pays revanchards et haineux. Et de quoi être identique aux autres pour nous.
Quand on regarde bien, trouvez-vous vraiment que la culture américaine se différencie de la culture française ? N'ont-ils pas les mêmes messages à délivrer. Oui même les démocraties (où les pays qui se prétendent démocratiques comme la France) ont leur tare de réécriture historique, de dérives idéologiques. Bref, la France se démarque-t-elle assez pour encore briller ? S'affirme-t-elle assez pour encore briller sur le plan culturel ? Le monde culturel n'est-il pas trop sectaire pour être encore crédible ici et là-bas ? Voyez Disney aux E.U. ça se casse la figure... A mon avis et pour contredire l'auteur, non, tout se ressemble trop aujourd'hui. Et ça n'a plus franchement d'intérêt d'exporter la soupe française. Soupe mieux faite il me semble et identique aux États-Unis.

 

En résumé, c'est un livre intéressant sur le plan historique, mais dont je saisis mal l'intérêt pour aujourd'hui. Et je ne suis pas aussi optimiste que l'historien d'art sur l'avenir ici ou là-bas. Et quand on voit l'état de la France il est difficile d'être optimiste.

 

Merci à Babelio et aux Editions Perrin.

 

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