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Encre d'époque.
2 janvier 2020

Les Camisards de Philippe Joutard

 

Les Camisards de Philippe Joutard

Résumé :

Une étrange révolte : deux ans de guerre ouverte dans une province du Grand Roi, le soulèvement d'un peuple de paysans et artisans décidés à témoigner pour leur foi suffisent à inquiéter la monarchie, à alerter l'Europe, à fasciner, pour deux siècles, les historiens. Ces Camisards, qui sont-ils ? Des prophètes ? des fous ? des simulateurs ? des agents de l'étranger ? L'épopée a laissé derrière elle ses témoignages. À travers eux, Philippe Joutard dessine, des prédicants aux guerriers inspirés et aux pasteurs du Désert, la longue durée d'un comportement culturel et l'originalité d'une révolte qui n'a pas cessé d'être inconcevable.

Mon avis :

 Depuis 1629 et la paix d’Alès, les protestants connaissent en France une période de paix ; mais en 1661 avec le commencement du règne personnel de Louis XIV, cela va changer. En effet, avec l’application de l’édit de Nantes à la rigueur voulu par la reconquête catholique et encouragée par le Roi de France (qui ne va pas se contenter que de la rigueur), les pressions contre les protestants à partir de cette date vont se faire de plus en plus dures et atteindre leur apogée avec les tristement célèbres dragonnades.
Tout naturellement, après une longue persécution et l’annonce d’abjuration en cascade, l’édit de Fontainebleau (1685) vient clore ce cycle. Cette parenthèse hérétique dans la tradition catholique de France. Mais est-ce réellement la fin du protestantisme en France ? Non. Dans les Cévennes, après un temps de découragement et de peines, les protestants vont s’organiser : désert et Camisards apparaissent et avec eux des nouvelles figures qui remplacent les pasteurs en exil ou mort.

Qui sont ces nouvelles figures ? Tout d’abord des prédicants avant d’être des prophètes. Des prédicants qui n’ont pas la grande culture des pasteurs il est vrai, mais qui avec leur zèle et leur foi savent remplir ce rôle de pasteur qu’ils se sont attribués et que la population protestante leur donne bien volontiers. Ces gens qui prêchent leurs propres textes ou ceux des anciens pasteurs dans les assemblées du désert, - raffermissant ainsi la foi protestante et soudant la communauté dans un contexte violent et d’abjuration -, vont bientôt être suivis par les prophètes qui vont pousser plus loin la résistance.
Bien que ces prophètes ne soient pas tout à fait nés après 1700 – il y a des traces avant cela comme à Peyrolles ou dans le Rouergue –, c’est bien après cette date que les révoltes protestantes dans les Cévennes vont pourtant marquer l’histoire. Révoltes qui vont accessoirement réveiller la violence catholique.

Jean Cavalier, chef camisard, tableau de Pierre-Antoine Labouchère
Jean Cavalier (chef Camisard) de Pierre-Antoine Labouchère.
Musée de Désert.

Mais pour commencer, on pourrait déjà se demander pourquoi la population, au-début apparemment soumise au roi, va se révéler violente à partir de 1700 ? La réponse est simple et réside chez les prophètes, qui par leur zèle et leur vision mise régulièrement en spectacle, donne à la population ce qu’elle veut entendre et voir, servant ainsi de pansement au désespoir de ces derniers soumis à la violence royale et catholique.
Cela étant, il ne faudrait pas croire que tous les protestants soutiennent ce mouvement qui échappe aux règles et à l’ordre protestant déjà bien mise à mal. En effet, ces débordements de passion, cette gestuelle qui montre la décadence du protestantisme tant du côté catholique que protestant, vont aussi énormément desservir ce mouvement qui n’a pas fini de subir des critiques. Mais pas assez toutefois pour que les nations étrangères en luttes contre la France ne tentent pas d’en tirer profit. Ce qui inquiètera la royauté française et donnera de l’espoir aux huguenots. Bien en vain.

Au-delà de ce que représente ce mouvement pour l’étranger et le royaume français. Ces pages vont aussi nous raconter par quel miracle cette résistance a pu durer plusieurs années, et comment un groupe de paysan et d'artisan à peine entrainé à l’art de la guerre, a pu mettre en échec les armées du roi. Vous étonnerais-je, si je vous dis que c’est à cet instant que la géographie rejoint l’histoire ? Effectivement, le relief, les bois, la connaissance des lieux, vont, avec la complicité des communautés locales, servir de bouclier à ces protestants pourchassés en guérilla.
Mais outre ces avantages locaux, Philippe Joutard va aussi nous faire part des critiques que l’armée royale subit car elle est jugée incompétente. C’est ainsi que l’intendant Bâville se plaindra de l’indolence des troupes et des officiers paresseux comme Montrevel. Ce qui n’empêche cependant pas les excès aveugles des troupes sur la population et leurs biens, et quelques faits notables. 


Les Cévennes en Lozère

Une fois la capitulation protestante arrivée, l’historien spécialiste de la question va enfin aborder le retour au calme - enfin presque -, notamment en abordant la figure d’Antoine Court prédicant qui va condamner ce prophétisme et prendre ses distances avec. Ceci afin d’encourager un nouveau modèle religieux protestant, loin des excès des Camisards, pour permettre la survivance de la religion réformée. On trouve-là une volonté de s’adapter au temps.  
Néanmoins, croire qu’Antoine Court où d’autres pasteurs vont faire cesser ces visions chimériques et cette violence serait faux, l’historien va bien montrer que les violences ou du moins les appels à la violence ne vont pas forcément cesser dès l’apparition d’une nouvelle manière d’agir et de penser. En témoigne l’année 1717 avec l’appel à l’action émanant d’une population paysanne cévenole, afin de libérer un prédicant qui se nomme Arnaud. Antoine Court va calmer le jeu afin d’éviter de mettre le pays à feu et à sang, mais toutefois cet exemple indique deux choses : d’une part que l’étincelle de violence peut avoir un côté « héréditaire » qui se confirme avec le temps, et d’autre part la difficulté pour les nouveaux pasteurs de calmer les passions et de combattre les anciens schémas.

« En définitive , des fidèles qui se réunissaient en 1686 aux réactions de 1752 en passant par le Camp des Enfants des Dieu, la continuité est évidente et les grandes différences de comportement, visibles d’une époque à l’autre, sont des réponses plus ou moins conscientes à des conjonctures changeantes, mais l’expression unique d’un refus d’une autre foi qui serait en même temps une acculturation.
Cette permanence de la résistance s’enracine profondément au cœur des hameaux cévenols autour des familles qui fournissent à chaque génération « des militants ». »

En conclusion c’était une lecture enrichissante, même si j’ai énormément résumé le livre, qui décrit un évènement qui ne s’est pas terminé à une date précise.

 

Un petit site sympa pour en apprendre plus sur les protestants : Musée protestant.

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