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Encre d'époque.
25 novembre 2018

Portrait : Paracelse (supérieur à Celse)

 

"Paracelse était le plus grand et le plus dangereux des fanfarons, maître dans l'art d'assassiner les gens par la chimie." Guy Patin.

 

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Bâle en Suisse

Né en Suisse en 1493 ou 1494 d’un père médecin et professeur de chimie auprès de qui il apprend et découvre cette matière, Paracelse de son vrai nom Theophrastus, est connu pour être un précurseur de la médecine moderne puisqu’il préconise l’usage de substance chimique dans ses remèdes. De fait, il rejette la médecine traditionnelle d’Avicenne, de Galien et d’Aristote, mais aussi les pratiques plus anciennes et traditionnelles comme les baumes, les infusions dont les médecins cités plus haut font partie des défenseurs.
Mi génie et mi fou pour notre monde contemporain, Paracelse n’est toutefois pas un chimiste fantaisiste sans une formation solide, puisqu’il obtient son doctorat de médecine à l’université de Ferrare en 1516, après avoir suivi plusieurs cours dans différentes universités (Vienne, Wittenberg, Bâle…).
Mais l’obtention de son diplôme ne calme pas les envies de voyages de l’homme. En effet, après ses études il continue de voyager en Europe et même au-delà comme en Russie, à Constantinople, en Terre Sainte, etc. Ces pérégrinations, on s’en doute, permettent de perfectionner son art de la médecine et de la chirurgie, avec un certain succès dans le domaine des blessures suite à son expérience dans l’armée, où on le voit rejeter les méthodes traditionnelles d'emplâtre au fumier, pour un traitement plus efficace qui se base sur le drainage du sang et du pus dans le cas des blessures.

Le malade imaginaire de Honoré Daumier (19ème)

 En 1526-27 toutefois, ses voyages prennent fin et il s’installe à Strasbourg. Là, il exerce sa profession de médecin et de chirurgien avec succès, ce qui lui vaut très vite une bonne réputation qui dépasse très vite les limites de la ville et de ses environs, comme le prouve l’appel de l’éditeur J. Froben qui habite à Bâle à qui il soigne sa jambe. (A Bâle toujours, le philosophe Erasme, qui loge chez l’éditeur, fera aussi appel à lui.)
Tous ces succès fait que le conseil de Bâle lui offre une place de médecin qui est indissociable de l’enseignement à l’université. Toutefois, tout ne va pas pour le mieux pour notre médecin, car il rencontre beaucoup d’opposition à cette nomination, malgré tout effective en 1527.
Agé de plus de 30 ans, notre homme est donc bien établi et semble enfin avoir trouvé une place sûre et la sécurité. Pour autant il est insatisfait de sa situation. En effet, enseigner dans la plus pure des traditions ne l’intéresse pas, Paracelse étant un novateur, un esprit, veut enseigner ce qu’il sait, ce qu’il a appris, ce qu’il a expérimenté. Voilà pourquoi très vite après sa nomination, il s’oppose à cet enseignement dogmatique qu’il juge archaïque par le coup d’éclat de la Saint Jean 1527, où il brûle le Canon d’Avicenne et condamne les enseignements de Galien et Hippocrate. Il propose alors aux étudiants, de venir assister à ses cours en langue allemande.

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Vous vous en doutez, un tel comportement n’est pas franchement admis dans la communauté scientifique universitaire, Paracelse est donc expulsé de cette dernière. Vous pensez alors que rien ne peut être plus pire pour notre homme ? Détrompez-vous. J. Froben qui meurt d’apoplexie au même moment, renforce le doute sur l’efficacité de ses remèdes dans l’opinion. Ce climat bouillonnant où beaucoup de personnes se mettent à le critiquer notamment sur ses tarifs, fait qu’on veut le poursuivre pour outrage. C'est ainsi que notre médecin, et pour éviter la prison, fuit alors la ville de Bâle en pleine nuit.
En fuite, Paracelse se remet donc à voyager de ville en ville où il exerce la médecine. En parallèle il écrit des ouvrages (on lui en attribut 230) qui traitent de médecine, de philosophie, de mathématiques, d’astrologie, de magie… Montrant ainsi que c’est un touche à tout, et qu’il se fait des idées sur beaucoup de chose. Il n’hésite pas non plus à croiser les domaines pour établir sa théorie sur la médecine où se mêle : astrologie, philosophie, alchimie (même s’il ne l’a jamais réellement pratiqué), la vertu.


Mais après une vie remplie, pleine d’enseignement, de voyage, de secousse et d’audace, notre savant de la Renaissance meurt en 1541 à Salzbourg à l’âge de 48 ans après avoir légué tous ses biens aux pauvres. Il est enterré dans le cimetière de l’église Saint Sébastien où repose Mozart.

***

Homme curieux, s’intéressant à tout, Paracelse est considéré comme un novateur, un précurseur de la médecine moderne, et c’est vrai qu’il a aidé à faire évoluer la médecine y compris la psychologie dont il est un précurseur aussi. Toutefois et même si c'est un génie, il faut bien souligner que tout n’était pas à prendre dans sa vision et ceci déjà à l'époque, comme l’atteste ses livres de magie, l’intervention de l’astrologie dans sa vision de la médecine, ou encore ses remèdes contenant du mercure par exemple et qui n’étaient pas sans danger. Mais pour autant la médecine lui doit cependant beaucoup. Important à souligner aussi, il n’est pas non plus le seul homme de l’époque à remettre en cause la médecine de l’époque, le fameux anatomiste André Vésale en fait aussi partie. Quoi qu'il en soit, on peut souligner l’audace de cet homme précurseur - fondateur avec d’autres - de la médecine moderne et qui représente à merveille son époque changeante.

Tombe de Paracelse

 

Source : Histoire et civilisation n°30 : juillet - août 2017.

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