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Encre d'époque.
7 juillet 2018

"Essais sur l'histoire de la mort en occident" de Philippe Ariès

livre mort

Résumé :

Dans cette série d'essais visant à retracer l'évolution des attitudes devant la mort de l'homme occidental, Philippe Ariès se situe à la limite du biologique et du culturel, au niveau de l'inconscient collectif. L'ouvrage commence à l'époque du Moyen Âge, au temps de la "mort apprivoisée", où aucune crainte n'accompagnait son spectacle chez les vivants et où le cimetière servait souvent de lieu de sociabilité, de danse et de commerce. Puis, l'art et la littérature des débuts de l'époque moderne commencent à associer Éros et Thanatos, dans une complaisance extrême à l'égard de la souffrance et de la mort, jusqu'à ce que le romantisme ne laisse subsister que la seule beauté sublimée du mort, en la dépouillant de ses connotations érotiques. Au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, commence alors ce vaste mouvement de refoulement qui mène jusqu'à nous, où la mort se voit frappée d'interdit, n'étant plus que très rarement représentée. --Hervé Mazurel

Chronique rapide :

J'ai beaucoup apprécié l'époque médiévale, moderne, mais dès le contemporain ça me plaisait moins. De plus les articles datent assez, alors est-ce que les conclusions sont toujours d'actu ?
Sinon j'ai aussi apprécié voir comment l'auteur visualisait le 18ème siècle, pour beaucoup d'historien c'est la déchristianisation qui commençait, mais pour lui c'était avant tout le symbole de la confiance naissante entre les divers membres de la famille.
A lire c'est une évidence, mais à voir s'il n'existe pas des études plus récentes aussi, notamment sur les questions archéologiques, archives et approche des mentalités. Je ne dis pas que c'est mauvais, loin de là ! Mais vaut mieux compléter vu que les articles ne sont pas récents.

***

Extraits :

"Le testament a donc été complètement laïcisé au 18ème siècle.

Comment expliquer ce phénomène ? On a pensé (thèse de M. Vovelle) que cette laïcisation était l'un des signes de la déchristianisation de la société.
Je proposerai une autre explication : le testataire a séparé ses volontés concernant la dévolution de sa fortune de celles que lui inspiraient sa sensibilité, sa piété, ses affections. Les premiers étaient toujours consignées dans le testament. Les autres furent désormais communiquées oralement aux proches à la famille, conjoint ou enfants. On ne doit pas oublier les grandes transformations de la famille qui ont abouti alors au 18ème s. à des relations nouvelles fondées sur le sentiment, l'affection. Désormais, le "gisant au lit, malade" témoignait à l'égard de ses proches d'une confiance qu'il leur avait généralement refusée jusqu'à la fin du 17ème siècle ! Il n'était plus nécessaire désormais de les lier par un acte juridique."


"A partir du 16ème, et même à la fin 15ème, nous voyons les thèmes de la mort se charger d'un sens érotique. Ainsi dans les danses macabres les plus anciennes, c'est à peine si la mort touchait le vif pour l'avertir et le désigner. Dans la nouvelle iconographie du 16ème siècle, elle le viole. Du 16ème au 18ème siècle, d'innombrables scènes ou motifs, dans l'art et dans la littérature, associent la mort à l'amour, Thanatos et Eros : thèmes érotico-macabres, ou thèmes simplement morbides, qui témoignent d'une complaisance extrêmes aux spectacles de la mort, de la souffrance, des supplices.
[...]
Comme l'acte sexuel, la mort est désormais de plus en plus considérée comme une transgression qui arrache l'homme à sa vie quotidienne, à sa société raisonnable, à son travail monotone, pour le soumettre à un paroxysme et le jeter alors dans un monde irrationnel, violent et cruel. Comme l'acte sexuel chez le marquis de Sade, la mort est une rupture. Or, notons-le bien, cette idée de rupture est tout à fait nouvelle. Dans nos précédents exposés nous avons voulu au contraire insister sur la familiarité avec la mort et avec les morts."

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